Plus de 40 promoteurs de guichets uniques et leurs partenaires venus de France, de Belgique, des Pays-Bas, d’Espagne, du Portugal, d’Italie et d’autres pays de l’UE se sont réunis la semaine dernière à Bruxelles afin de discuter des stratégies et modèles économiques mis en place par les six guichets uniques français pour la rénovation énergétique de l’habitat. La leçon qu’ils en ont tirée est qu’un simple « copier-coller » d’un modèle à tous les territoires ne fonctionne pas.

Les guichets uniques français sont des organismes locaux ou régionaux, publics ou semi-publics, qui proposent des solutions intégrées de conseil, d’ingénierie et de financement aux propriétaires qui souhaitent profiter de la rénovation de leur logement pour en améliorer la performance énergétique. Grâce à leurs offres clés en main, les rénovations énergétiques globales deviennent plus simples et accessibles à tous les propriétaires, avec à la clé une économie de 50 % en moyenne sur la facture d’énergie. A ce jour, les prestataires français ont rénové plus de 10 770 logements, soit un investissement de 132 millions d’euros, et ont émis 1 300 prêts pour un montant total de 40 millions d’euros, devenant ainsi les leaders sur le marché de la rénovation énergétique globale.

Au vu d’une telle réussite, ce modèle devrait être reproduit dans toute l’Europe. Mais comme souvent, le diable se cache dans les détails. Quels sont les profils et les objectifs des territoires qui ont décidé d’ouvrir un guichet unique ? Quel soutien les guichets uniques reçoivent-ils de la part des collectivités territoriales et des partenaires privés ? Quels sont les modèles juridiques et économiques pour lesquels ils ont opté ? Quelle est leur organisation interne ? Comment procèdent-ils et quels processus ont-ils mis en place ?

Gabriel Quentin, responsable technique chez Oktave (Région Grand-Est), Pierre Levi, Directeur Transition Energétique à Bordeaux Métropole Energies et Marie Pourchot (Energies Demain) ont dévoilé leurs secrets aux participants de l’atelier organisé le 20 juin 2023 à Bruxelles dans le cadre du projet européen ORFEE.

Gabriel Quentin, responsable technique chez Oktave (Région Grand-Est) a souligné que son organisation connaît une croissance exponentielle depuis sa création en 2018 : « Oktave vise à construire un modèle économique pérenne pour des rénovations conformes au référentiel Bâtiment Basse Consommation dans la région Grand-Est. Nous avons atteint l’objectif de 200 rénovations par an, et maintenant la Région a fixé un nouvel objectif de 500 rénovations par an. Nous devrons doubler les effectifs au cours des quatre prochaines années. J’étais le premier salarié il y a 5 ans, nous sommes 45 aujourd’hui, et si nous voulons atteindre notre nouvel  objectif, nous devrons passer à 80 personnes assez rapidement ».

Ces quelques chiffres montrent à quel point ce service est attractif. Selon Gabriel, les propriétaires ont besoin d’un contact physique avec un conseiller en qui ils puissent avoir confiance et qui les aident à gérer leur anxiété, un sentiment que génèrent souvent les projets de rénovation ambitieux. Il croit en une approche personnalisée de chaque projet et de chaque propriétaire : « La rénovation à grande échelle avec un accompagnement standardisé, uniquement accessible en ligne ne fonctionne pas ». La Région a décidé de soutenir la croissance d’Oktave et de continuer à fournir un service local de rénovation à ses habitants.

Pierre Levi, Directeur Transition Energétique à Bordeaux Métropole Énergies, a quant à lui souligné l’importance de collaborer avec les acteurs existants : « Je conseille aux futures entreprises qui souhaiteraient développer des services intégrés de rénovation énergétique d’intégrer réellement les écosystèmes déjà en place en faisant l’inventaire des compétences disponibles sur leurs territoires mais aussi des éventuels trous dans la raquette. L’idée n’est pas de réinventer la roue mais de combler un manque. Il faut aussi que l’offre proposée puisse être appuyée par l’ensemble des acteurs de son territoire. »

Le message clé de ces praticiens est que le simple copier-coller d’un modèle à tous les territoires ne fonctionne pas. Parce que les contextes (historiques, géographiques, sociaux), les objectifs, les acteurs, les services proposés, le soutien politique ou encore la prise de risque diffèrent d’un territoire à l’autre, aucun des six guichets uniques français en exercice n’a exactement le même modèle juridique, économique ou opérationnel.

Mais alors, comment reproduire ces expériences dans d’autres territoires, y compris au-delà des frontières françaises ?  Qu’en est-il ailleurs en Europe ? Le nouveau projet européen LIFE EU Peers, qui débutera en septembre 2023 et dans lequel Energy Cities et Energies Demain sont impliqués en tant que partenaires, apportera des réponses à ces questions. Il vise en effet à construire une communauté de pratique européenne pour les praticiens des guichets uniques qui souhaitent se soutenir dans cette aventure !

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